Ce matin, Rayon de Soleil avait participé à la patrouille de l'aube. Tout se passait bien en ce moment. L'incendie avait séparé les Clans en deux, le Clan de la Terre avait rejoint le Clan du Sable. Quand au Clan du Ciel, il séjournait à présent dans le Clan des Rocs. Même si le soleil n'était pas au rendez-vous ce jour-là, Rayon de Soleil avait hâte de partir en expédition de chasse. Plume de Broussaille l'avait invité la veille à se joindre à elle cette après-midi. Comme Rayon de Soleil n'avait rien de prévu, il avait directement accepté. Voilà un bon moyen de se faire une nouvelle amie, car il avait eu peu d'occasion d'être avec la guerrière.

A la moitié de la journée, Rayon de Soleil alla se restaurer. Il choisit un écureuil encore chaud, qui date sans doute de l'expédition de ce matin. Il emporta son repas devant la tanière des guerriers, et croqua dedans. Miam, il était vraiment délicieux. Le jeune guerrier se pourlécha les babines et les moustaches. Il n'eut pas le temps de faire une sieste, que Plume de Broussaille accourait vers lui à petites foulées. Rayon de Soleil se redressa pour saluer la guerrière. La guerrière entama la conversation :

" Bonjour Rayon de Soleil ! Tu es prêt pour la patrouille de chasse ? "

Le guerrier répondit d'un ton calme et posé.

" Bonjour Plume de Broussaille. Je suis prêt, allons-y. "

Il emboîta le pas de Plume de Broussaille, et ils sortirent tout deux du Camp. Les arbres étaient encore brûlés, mais la vie reprenait son cours normal dans la forêt. Les deux guerriers se dirigèrent vers la Clairière, située derrière le Camp. Rayon de Soleil ouvrit la bouche pour humer l'air et sentit l'odeur d'une grive. Elle picorait parmi les feuilles derrière le tronc d'un jeune chêne. Aussi silencieux qu'un serpent, Rayon de Soleil contourna l'arbre. Le ventre plaqué contre le sol, il s'approcha de l'oiseau, la queue légèrement relevée pour ne pas frôler les feuilles. Il marqua une pause, évalua la distance et bondit. Son saut spectaculaire le porta trois longueurs de queue plus loin que les racines. La grive paniquée déploya les ailes, mais il était déjà trop tard. Rayon de Soleil atterrit sur son dos avec une pression mortelle et la tua d'un coup de crocs rapide.

Il se releva, l'oiseau dans la gueule, et retourna près de sa camarade, qui l'attendait quelques pas plus loin. Le guerrier tigré déposa sa prise devant lui. Il n'eut pas le temps de dire un mot, il entendit des fougères frémirent non loin de là. Les tiges pâles tremblaient au niveau de leurs racines, ce n'étaient donc pas le vent qui les agitait. Il pointa la queue en direction du buisson, puis se retourna vers la guerrière qui l'accompagnait. Rayon de Soleil murmura.

" A toi de jouer, Plume de Broussaille. "

Rayon de Soleil regarda sa camarade s'éloigner. Elle rampa un instant à travers les fougères, puis disparut derrière les herbes hautes. Il y eu un court silence, puis un cri de rongeur. Le jeune guerrier dressa les oreille, prêt à bondir. Il perçut un léger bruit de cavalcade, puis plus rien. L'instant d'après, Plume de Broussaille surgit de derrière les fourrés en grommelant. Rayon de Soleil écarquilla les yeux, stupéfait. La femelle tenait une souris entre ses dents. Elle dit, furieuse.

" Eh bien ! J'ai quand même fini par l'avoir ! Mais je crois qu'on attrapera plus rien par ici maintenant.

Elle paraissait très énervée. Rayon de Soleil se retint de faire une remarque, de peur de provoquer une bagarre. Il ramassa sa grive, et rebroussa chemin. L'air frais le gifla tout entier, manquant de peu de l'emporter. Le tigré stoppa net et leva les yeux au ciel. Il se retourna en plissant les yeux, et dit à Plume de Broussaille.

- Cette dernière demi-lune, la brise s'est rafraichie ! La Saison des feuilles Mortes ne devrait plus trop tarder !

Il avait hurlé, de peur que la guerrière ne l'entende pas, à cause du vent qui soufflait très fort. Soudain, loin derrière lui, un grand bruit se fit entendre, et un vol d'oiseaux s'éparpilla en tous sens. Rayon de Soleil vit rouge. Il fit volte face et, prit dans sa fureur, cria en direction du bruit.

- En cette saison, les Bipèdes tuent toutes nos proies ! Pas étonnant qu'on ne trouve presque plus rien depuis quelques jours !

Fou de rage, il fit les cent pas, ne savant plus quoi faire, ni quoi penser.<