Le soleil dardait peu à peu ses rayons réconfortants. Une petite chatonne blanche ouvrit un oeil, puis l'autre, et laissa son regard bleuté parcourir l'étendue où elle se trouvait. Un sourire nostalgique naquit sur son museau, et son coeur s'emplit d'une douce sensation. Elle était de retour chez elle. Non pas que le camp du Sable n'était pas à son goût, mais tout le monde se sent mieux dans son chez-soi, c'est bien connu. Cependant, il était toujours dans un état lamentable, quoique tout de même habitable. Dès que la petite chatonne posait ses yeux sur la pierre du Promontoire, portant encore les traces calcinées de l'incendie, elle avait l'impression de ressentir la souffrance de se lieu se mêler à la peur de son souvenir. Ce désastre, elle priait tous les soirs le Clan des Etoiles de ne plus leur imposer. Elle ne comprenait d'ailleurs pas la raison exacte de ce déchaînement. Elle avait ouïe dire qu'il s'agissait d'une faute des chefs, mais elle n'avait pas eu plus d'informations. De toute façon pour elle, il était tout bonnement impossible que leur crime, quel qu'il soit, ait excusé cet hécatombe. Pourtant malgré tout, elle continuait à n'en vouloir à personne. Ni aux chefs, ni au Clan des Etoiles. Après tout, il était peut-être écrit dans sa destinée qu'elle devait perdre sa mère, son père et son frère.
Les félins autour de Boule de l'Ange commencèrent à s'agiter doucement, s'extirpant de l'emprise de Morphée. Une dure journée s'annonçait pour les guerriers et les apprentis, alors que les chatons et les reines allaient comme toujours restés bien sagement dans la pouponnière. Les anciens aussi, d'ailleurs. La chatonne blanche n'y avait jamais trop pensé avant, mais elle trouvait cela drôlement frustrant de ne pouvoir rien faire. En temps normal, elle trouvait cela normal, elle était encore un chaton, et elle était bien trop jeune pour faire ce que les autres félins de la Terre faisaient. Elle laissait simplement le temps faire son oeuvre. Mais maintenant que la plus petite aide est d'un secours énorme, elle jugeait cela injuste que les petits chatons restent cloîtrés dans leur pouponnière. Patte de l'Horizon n'aurait pas hésité une seconde à mettre la main à la pâte, et exceptionnellement, elle n'aurait rien dit. Elle arrivait à le comprendre maintenant, par contre, elle n'était toujours pas prête à enfreindre les règles comme lui le faisait.
Boule de l'Ange se décida à sortir du confort de la pouponnière. Le soleil matinal l'éblouit quelque peu, mais elle s'y accommoda bien assez vite. Avec un soupir, elle se rendit compte qu'elle ne savait définitivement pas quoi faire. Pour jouer avec les autres, l'envie n'y était vraiment pas, et les anciens devaient encore être en train de dormir. Elle n'avait plus qu'à se balader dans le camp, à tourner comme un poisson rouge dans son bocal. Elle se stoppa un temps devant la tanière de son chef, et se surprit à vouloir avoir de ses nouvelles. Ces temps-ci, elle trouvait qu'il était bien trop triste. Comme une gentille petite féline, elle se sentait mal quand elle le regardait. En levant les yeux vers le ciel, elle pria ses ancêtres de veiller sur lui. Elle recula et fit volte-face un peu trop rapidement, et heurta violemment -pour un chaton- un guerrier qui passait. D'une voix timide et gênée, elle s'excusa immédiatement :

- Je suis désolée. Je ne vous ai pas fait mal ?