Je m'étais levé tôt pour pouvoir profiter de la fraîcheur du matin et des quelques rayons de soleil qui me chauffaient tout de même le poil, doucement. La journée étant bien trop chaude à mon goût ; c'était bien le seul moment où je me sentais à l'aise sous mon pelage épais. Je sortais alors, de mon Antre, tout seul, comme d'habitude. J'avais hier, partagé un écureuil avec Lune Éternelle, le Lieutenant .. Et pour conclure notre dialogue mouvementé, j'avais annoncé à la Guerrière que je partirais dès l'aube Patrouiller sur les Terres du Clan du Ciel. Après l'avoir quitté, j'avais chassé en solitaire durant deux bonnes heures. Le soir, je m'étais couché tôt pour ne pas avoir trop de mal à me lever le lendemain.

Et me voilà dehors, en train de m'ébrouer afin d'enlever toutes les petites brindilles accrochées à mon pelage. Puis je me mets à la tâche de me lécher la patte avec vigueur, cette patte que je passe derrière la tête, puis ensuite l'autre. Je continue avec le ventre, toujours les mêmes coups de langue rose, déterminé à être au mieux de mes conditions pour Patrouiller. Ca, c'est le début d'une journée pour moi. Réveil, admirer le Soleil, toilette complète. Ensuite, ça dépend. Après l'avoir finie, je cherche du regard un chat debout, qui n'a rien à faire, voir qui s'ennuie vu que personne n'est levé. Enfin, personne ? Je suis là moi ! Lorsque je promène mon regard couleur ambre foncée, fixant chacune des tanières avec insistance. Au bout d'un moment, je me roule en boule devant la tanière des Guerriers en regardant le Soleil se lever. Je me repose donc, attendant un Guerrier pour partir du camp. J'attends longtemps, à vrai dire. Et finalement, une ombre bouge lentement dans la tanière, elle met un temps avant de se lever pour de bon. Je fais de même, je m'avance vers elle ; Prudemment, doucement, sans me presser. Détendu, je lui offre également un de mes rares sourires. Un vrai.

Lorsque j'arrive à son niveau, je reconnais enfin à qui appartient l'ombre. À Griffe du Soir, une guerrière au pelage couleur nuit, aux yeux de feu. Je m'approche encore un peu sans trop me coller à elle et je lui souffle à l'oreille, afin de ne pas réveiller nos camardes encore endormis :

« Nous allons Patrouiller au niveau des Quatre Chênes, es - tu prête ? »

« Je me lève à peine et tu me pousses déjà dehors ! Si tu veux que je sois de mauvaise humeur c'est réussit ! »

La réaction de la jeune Guerrière me fait alors gonfler le poil de fureur. Aucun respect pour ceux qui dorment encore ? Se mettre à crier pour un rien, toujours penser à soi - même avant le Clan, ça, c'est la jeunesse. Oh que oui. Je laisse échapper un soupir et gratte le sol de la griffe ostensiblement pour bien lui faire comprendre que je n'attends qu'elle pour enfin partir d'ici. Je lui lance regard agacé avant de suivre ses mouvements. Elle me tourne le dos et commence tranquillement une toilette, rien que ça. Elle se relève quelques longs battements d'ailes plus tard, et se dirige vers moi, je sens à peine son poil m'effleurer, mais elle continue et ajoute, d'un ton qui me semble provocateur :

« T'es lent ou t'as un problème de santé ? Je suis prête à partir. »

Je me mets aussitôt à marcher et ne retiens pas ce grognement de colère qui avait envie de sortir depuis qu'elle m'avait crié dessus pour trois fois rien. Je ne pris pas la peine de tenter une réponse directe, elle ne m'écouterait pas. Autant rester poli et distant avec cette femelle là. Sans pour autant se laisser marcher sur les pattes bien entendu. Je suis quand même son aîné, ne me doit elle pas obéissance et respect ? Je crois que si. Après deux ou trois pas en direction de l'entrée du camp, je l'ai déjà devancé ; et c'est, sans un coup d'oeil en arrière, que je me souris intérieurement et lui réponds d'un ton calme qui a pour but de l'agacer, sans tourner la tête vers elle :

« Non, je n'ai aucun problème de santé, je me porte à merveille. J'ai dis à Lune Éternelle que je prendrais le premier Guerrier levé pour partir en Patrouille, afin de vérifier les Frontières qui se trouvent au niveau des Quatre Chênes. Quitte à les renouveler. » Je laisse un temps de silence, histoire de reprendre mon souffle. « Tant pis pour ta mauvaise humeur, si on se dépêche et que tu ne traînes pas trop, on sera de retour vers midi. Arrête de jouer au chaton égoïste en faisant celle qui va être de mauvais poil pour ce petit détail insignifiant. » Puis, je me retourne vers elle et conclus, le ton devenu sec et froid, celui qui me ressemble plus. Celui que je préfère à vrai dire. « Maintenant, il faut se dépêcher, parler ne sert à rien, il faut agir. On règlera ça une prochaine fois. »

Je n'attends aucune véritable réponse de sa part. Je crois qu'elle l'a comprit parce que rien ne se passe. Je me remets en route et franchis l'entrée d'un pas lourd. On parcourt une assez longue distance sans un mot, nous sommes tout proche des Quatre Chênes.