Les mêmes territoires, encore et encore... Ces montagnes rocailleuses, cette couleur grise omniprésente, ce sol dur et blessant me laissait. Je voulais voir autre chose, respirer un autre air que celui, bien que pur, des montagnes. J'aspirai à m'éloigner de cet endroit que je ne supportais plus. Voir mon clan ravagé, les miens détruits brisés, était au dessus de mes forces. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une part de culpabilité de plus en plus grande. Si j'avais été un apprenti guérisseur digne de ce nom j'aurais écouté ce signe, j'y aurais cru. Quel piètre apôtre je suis devenu. J'aurais dû comprendre, voir plus loin que le bout de mon museau. A cause de ça mon clan souffre, mon mentor est mort me laissant ainsi seul, incapable de prendre sa relève à cause du manque de connaissance. Le Clan des Etoiles reste silencieux, imperméable à toutes mes prières. Où vais-je ? Que dois-je faire pour retomber en grâce ? Me mettent-ils dans le même sac que ces chefs infidèles au code du guerrier ? Sommes-nous, dans cette forêt, tous condamnés ?

Ces interrogations pesant au dessus de mes épaules, comme une épée de Damoclès, je marchai au hasard, me fiant plus à mon odorat qu'à ma vue. Je fixais le sol, perdu dans mes pensées incapable de trouver une explication logique à tout cela. J'étais censé chercher de la tanaisie mais vu l'état de forêt qui commençait tout juste à renaître ce ne serait pas chose aisée. Je marchai longtemps, dans les paysages encore un peu noirci ne trouvant rien. Dans un élan de désespoir, je me rapprochai des territoires du Clan du Sable, épargné par le feu. Qui sait peut être sur la frontière avec la forêt...Je me mis à accélérer, éclair argenté dans ce paysage brun et et vert, noir par quelques rares endroits. Je sentais la caresse des fougères sur mon dos, le vent dans mon pelage épais et emmêlé. Courir me détendait, me soulageait. Soudain un cri de rage, alors que je longeai la frontière me fit sursauter. Je me retournai et, protégé par le couvert des arbres, aperçus une boule de poils noire à l'air hargneuse. J'hésitai brièvement, ne sachant si je devais fuir où si je devais me montrer.... Penchai finalement pour la deuxième option. Si j'avais des défauts, je n'étais pas un lâche. Aussi, alors que je ne l'avais pas encore fait, je franchis la frontière et laissai le soleil éclatant caresser mon pelage. Je posai mon regard calme sur le chat noir devant moi. Je suis bien plus grand que lui, il faut dire que je suis apprenti depuis assez longtemps. Affichant un calme serein, une façade neutre je lâchai :

« - Salutation jeune apprenti. Je me nomme Nuage D'Océan je suis l'apprenti guérisseur du Clan du Ciel. Puis-je savoir pourquoi tant d'animosité brûle dans ta voix ? Ai-je fais quelque chose de mal ? »