Il fait beau, il fait chaud. Comme d'habitude quoi. Là où je ne souffrais pas trop de la chaleur, c'est le Saule Pleureur. Enfin, souffrir, ce n'est pas le mot. Disons que j'ai chaud sous ma fourrure. Alors, dès le matin, je me suis levé tôt, comme tous les jours. Je m'étais d'abord dirigé vers l'Étang Aux Reptiles. Après avoir chassé une bonne heure, j'avais ramené mes prises sur le tas de gibier. Puis, estimant avoir fait la part de mon travail pour la fin de la matinée, je suis allé au Saule Pleureur. Je me reposais tranquillement depuis une bonne demie heure. À l'ombre. Un vent léger me caressant tendrement, ce qui me faisait alors repenser à ma jeunesse. Il y a 42 Lunes. Alors que je n'étais qu'une boule de poils grise. Je sentais maintenant ma tête s'alourdir, mes paupières me picoter, puis le noir, le vide, plus rien. Je dors.

Un bruit me réveille. Un félin approche. Je ne parviens pas me concentrer pour analyser son odeur. Je sais déjà qu'il se dirige vers moi. Je le laisse. mais je préfère me cacher derrière un buisson, afin de l'espionner au cas où se serait un intrus. Ma queue dépasse du petit arbre, tant pis. Le chat n'est plus qu'à quelques mètres de moi. Bizarrement, son pas n'est pas régulier. Je penche ma tête vers la droite, afin de voire sa silhouette. Il est jeune et boîte. Il crie :

« Il y a quelqu'un ? »

Je peux maintenant sentir son odeur. Il est du Clan du Ciel et semble blessé. Mieux vaut l'aider, il pourra me servir de témoin pour conter, 'Comment je l'ai sauvé'. Je sors de mon abri et m'avance doucement vers lui, pour ne pas lui faire peur. Qui sait, il ne m'a peut être pas reconnu. À deux longueurs de queue de renard, je m'arrête et lui réponds doucement :

« Il n'y a que moi. J'étais venu pour me reposer, mais, je vois que tu es blessé .. Comment as tu fait ? »

Le jeune chat me parut soulagé. Peut être croyait il rencontrer un blaireau ? Même sans sa blessure à la patte qui le gênait légèrement, il serait mort sous la force du coup de griffe de ce monstre. Je me reporte alors sur sa patte, elle saigne. Le sang s'échappe doucement, on pourrait facilement croire à une petite écorchure mais, sans soins, ça peut se transformer en quelque chose de plus grand, de plus dangereux. Il vaut mieux que je le ramène au camp. Me trimballer un Apprenti boiteux dont le sang laisse une traînée sanglante derrière son passage, non. Je lui adresse un sourire vite fait histoire de le rassurer et me penche pour l'écouter :

« Je suis sorti du camp et un apprenti et son mentor venaient dans ma direction et j'ai couru pour qu'ils ne me voient pas et je me suis cogné à cet arbre... Mais ne t'inquiète pas, la blessure n'est pas grave ! »

L'impression de passer pour un abruti parfait qui doit se rassurer sur les paroles d'un Apprenti de neuf Lunes me parcourue. Comment peut on se blesser avec un arbre et saigner autant ? Je réfléchis un instant. Il faut aller voir le Guérisseur, et au plus vite. Le sang goutte toujours, il grimace presque. C'est mauvais signe. Je lui réponds alors, le ton froid et pressé. On ne peut continuer ainsi.

« Mais elle peut le devenir. Aller, suis moi, on rentre au camp, pour faire examiner ta patte à Larme d'Amour. En chemin, tu m'expliqueras pourquoi tu te balades tout seul. Ok ? On y va. »

Le jeune chat eut l'air paniqué à l'idée de devoir se faire examiner par Larme d'Amour. Tant pis. J'ai presque envie de lui dire que s'il n'y allait pas, on lui couperait la patte. Une possibilité que j'écarte tout de suite. Je le vois qui regarde sa patte tristement. C'est vrai qu'elle n'est pas très belle à voir, avec tout ce sang. Il s'assoit tranquillement sur son arrière train et observe la nature qui l'entoure. J'attends patiemment que Monsieur veuille bien se relever. Une expression joyeuse anime alors son visage, j'essaye de voir ce qui l'amuse autant. Mais je ne vois qu'un oiseau. Peut être qu'il n'y a que les jeunes qui voient ce genre de choses. Moi, je les ignore. En tout cas, il ne bouge pas d'un poil, il regarde l'infini. Je commence à m'énerver intérieurement. Il finit par lâcher précipitamment, comme pour tenter de d'éviter sa destinée :

« Avant-tout, il faut savoir comment tu t'appelles ! Comment t'appelles tu ? »

Je le regarde droit dans les yeux, et ne souris plus. Je vois parfaitement bien qu'il cherche uniquement à faire passer le temps, afin de retarder sa venue dans la Tanière du Guérisseur. Il a peur, sa se sent. En vérité, il est mort de trouille. Sinon, il ne poserait pas ce genre de question stupide. Je choisis de lui répondre. À son âge, confronté à une pareille situation, je ferais comme lui. Je tenterais d'arrêter le temps, d'échapper à ce qui m'attends. Alors je me dis que je ne devrais pas être aussi dur avec lui. Éprouver un peu de compassion serait un peu plus poli.

« Loup Gris. Et toi Nuage Astral. Maintenant, il faut vraiment y aller. Sinon, ça risque d'empirer. Tu arrives à marcher ? »

C'est drôle, il semble comprendre qu'il m'agace. Il semble comprendre que je n'ai pas que ça à faire de la journée, à attendre qu'il se décide. Je vois son regard qui se pose sur sa patte. Je ne sais même pas si la blessure est grave ou non. Moi, je ne vois que du sang et rien d'autre. Il faut aller voir Larme d'Amour au plus vite, ça pourrait s'infecter, voire pire. Je ne tente pas de l'imaginer, je n'ai plus suffisamment de patience pour me concentrer sur quoi que se soit. Nuage Astral se mit à chercher quelque chose des yeux, il dut le trouver car il cessa de gesticuler. Il se retourne vers moi et me répond. Enfin, sa rpéonse se termine en question :

« Euh... Oui, j'arrive à marcher... À ton avis, Larme d'Amour va me faire quoi à ma patte ? »

« Mais qu'est ce que j'en sais de ta patte ? Je ne suis pas un Guérisseur ! J'aimerais juste que tu te magnes un peu et que tu comprennes que je n'ai pas que ça à faire, t'emmener voir Larme d'Amour ! » Ça, c'est ce que j'aurais bien voulu lui répondre. À la place de cette réponse muette, je lui adresse un regard furieux ; afin de lui montrer qu'il m'agace franchement. Je ne prends pas le temps de former une phrase potable, je lui balance au hasard une réponse. Je n'ai qu'une envie ; L'avoir déposé à la Tanière du Guérisseur et être débarrassé de lui. Sans vouloir être méchant.

« Je n'en sais rien ! Maintenant, je te demande de te lever et de me suivre sans parler, on s'arrêtera si tu es trop faible pour continuer. »



[Astral, il faudrait vite terminer le RP, encore quelques réponses parce que je ne serais pas disponible dès le Samedi qui suit. Du moins pas le temps de RP. Merci !]

Nuage Astral se lève enfin, il me lance un regard que je prends soin d'éviter, puis, il se met en route. En boitillant. Je suis devant. Lui derrière. Je sais parfaitement qu'il a du mal, qu'il a mal. Mais qu'est ce que je peux lui faire ? Le porter ? Ah non. Ce n'est pas comme ça qu'on de vient Guerrier, en se faisant porter par les autres. Et puis, il boite juste. Il arrive encore à avancer ! Donc pas besoin de s'en faire. Quelques jours de repos dans la Tanière du Guérisseur et il sera de nouveau apte à gambader dans le camp.

Parvenus à la frontière, il s'arrêta un court instant. Tout en m'observant, il reprenait un peu de souffle. Je me dis alors qu'il faudrait un peu ralentir. Sa patte à l'air de tenir le coup. On est plus très loin du camp. Je me remets en marche, le pas un peu plus lent. Je me stoppe et attends Nuage Astral, afin de marcher à ses côtés en cas de déséquilibre. Nous arrivons à l'entrée du camp, il n'y a pas beaucoup de chats présents. Les chatons nous regardent tout au long de notre traversée jusqu'à l'Antre de Larme d'Amour. je pense qu'ils ont compris qu'il y avait un blessé. À quelques queues de renard du Repaire du Guérisseur, j'explique à Nuage Astral ce qu'il doit faire. Un ton calme et posé. Je suis rassuré, l'Apprenti est au camp, et en assez bon état.

« Avec Larme d'Amour, tu devras bien montrer ta blessure, afin qu'elle te la soigne du mieux possible. Je pense qu'il te faudra un ou deux jours pour récupérer et tu seras guéri. Fais bien ce que te dis Larme d'Amour et laisse la faire, elle sait comment te soigner. C'est compris ? »

Il hoche la tête. Affirmatif. Mais ne prononce aucune autre question. Je lui fais signe de me suivre dans l'Antre du Guérisseur. Il me suit. Parfait. Arrivé dedans, j'explique alors à Larme d'Amour ce qui c'est passé. Mais je zoom surtout sur la blessure de l'Apprenti. Une fois mon 'Rapport ?' terminé, je lance un clin d'oeil à Nuage Astral et lui chuchote dans l'oreille, d'un ton rassurant :

« Tout va bien se passer, ne t'en fais pas. »

Puis je me retourne, me dirige vers la pile de gibier et choisis un mulot que je déguste à l'ombre d'un chêne. Mon repas terminé, j'enterre les restes du rongeur et direction la Tanière des Guerriers où je vais sûrement me reposer. Je regarde une dernière fois l'Antre de Larme d'Amour et m'engouffre dans la mienne, et me roule en boule dans ma litière douillette.