Je venais de me lever, il faisait beau. Le ciel était d'un bleu parfait, et pas un nuage. Le soleil brillait avec la même force que les jours précédents. Lorsque j'étais enfin dehors, je soupirais en regrettant de ne pas être resté couché ; roulé en boule dans ma litière bien chaude. Après quelques pas, je me stoppa net. Je ne savais même pas ce que je ferais quand j'aurais franchis l'entré du camp. J'avais envie de m'amuser aujourd'hui. Envie d'une petite excursion sur les Terres du Clan du Sable. Elle serait brève. On ne me remarquera pas, je suis trop discret pour. S'aventurer en territoire Ennemi, c'est dangereux, même si on sait se battre. Si je tombais sur un Patrouille, je n'osais même pas penser à ce qu'il m'arriverait. Une mauvaise idée certes, mais tentante.

Je me mis en route, sans me presser, savourant cette idée, qui me semblait aussi brillante que le soleil au dessus de ma tête. Direction l'Arbre Mort, d'un pas tranquille et décontracté. Je me sentais léger, comme la brise qui soufflait sur mon pelage gris. C'était franchement drôle, d'être là où l'on ne devrait pas être. Un peu d'action dans une vie trop courte. Il faisait chaud, mais je continuais à marcher. Laisser deux ou trois odeurs par ci par là sur le Territoire ennemi serait amusant. Je me mis alors à trottiner, presque gaiement. Alors que j'arrivais à ma destination, je me cacha derrière un buisson, suffisamment touffu pour ... Marquer ma présence en ce lieu. Puis, je me mis à contempler le paysage. Mais je m'en lassa rapidement. Soudain, je pus capter le son d'un chat. Aucun doute, il venait par ici. Se cacher ? Fuir ? Ou Rester ? Rester. Je me planquais donc derrière un arbre, attendant la venue du félin …

… Qui apparut presque aussitôt. Une Guerrière, sans doute. Elle prit le temps d'analyser l'odeur et comprit bien vite de qui il s'agissait. Le Clan du Ciel. Tant pis. Je ne pus que remarquer son regard couleur ambre, le mien étant bien plus foncé. D'une voix exaspérée, elle s'adressa à moi comme à un chaton désobéissant :

« Sors de là ! Je suis vraiment pas d'humeur à jouer à cache-cache ! »

Mmmh. Elle me semblait énervée et pas d'humeur à jouer. tant mieux, je n'étais pas là pour ça. Je me trouvais planqué derrière un arbre parce que je trouvais cela amusant. Nuance. Je laissais passer quelques instants avant de faire entendre un rire non pas sinistre mais moqueur. Comme l'apprenti de l'autre jour, que j'avais rencontré dans la Forêt Aux Mille Épines. Je me dégageais avec facilité de ma cachette et m'assis, derrière la guerrier, le vent ne pouvant porter mon odeur. Je fis craquer une brindille sous mon poids, ce qui eu le don de me faire sourire. J'attendis une petite seconde et lui répondis platement :

« Me cacher ? Moi ? Je ne me cache pas. Je suis tout simplement derrière toi. »

Je lui laissa le temps de se retourner, de me fixer. Puis, j'ajoutais, un sourire radieux affiché, un sourire moqueur. C'est drôle de rire dans le dos des autres. Oh que oui. Un regard pétillant, un sourire qui sonnait vraiment faux et une voix mielleuse. Je ne connaissais pas cette Guerrière, sûrement de vue durant une Assemblée ; sans doute. Un ton poli pour narguer l'adversaire, pour engager la bataille, c'était tout moi :')

« Enchanté. Loup Gris, du Clan du Ciel, bien entendu. »

Quand le Loup et la Flamme se rencontrent, ça fait des étincelles !
Flamme Sauvage et Loup Gris.

Sa réaction se fit immédiate. Je pouvais lire clairement dans son regard, une rage profonde envers mon égard. J'aimais vraiment cette situation. Elle était drôle. Elle, devant moi. Moi, devant elle. Un sympathique face à face. Elle se décida enfin à répondre. sa voix emplie de rage me répondit, découvrant par la même occasion ses crocs.

« Enchanté ? Et bien pas moi ! Tu n'as rien à faire ici ! »

Je pus remarquer que les poils qui se trouvaient derrière sa nuque se dresser lentement. Roux tigrés. Joli pelage. N'empêche qu'elle gardait le même air de « Si j'attrape je bouffe. » Qui ne me dérangeait nullement. Entre nous deux, j'ai bien plus d'expérience des combats. Elle, uniquement la connaissance du terrain. Qui sait, peut être qu'à deux pas de moi se trouvait un ravin ou un précipice dissimulé par la litière ? Possible. Mais ça se sent ce genre de truc, oui. En tout cas, elle n'avait pas l'air effrayée à l'idée de ma mort. Son attitude changea doucement, jusqu'à ce que son regard devienne froid, et vide d'émotions. D'un air de « M'en fous de toi, pauvre crétin. Tu vaux même pas la peine que j'te parle. » Elle me fixa comme ça longtemps, avant d'ajouter, la voix devenue sérieuse. Tout en m'inspectant du regard, comme pour voir à l'intérieur de moi même.

« Maintenant je te demanderais de quitter ces terres. »

Je souris. Tout en penchant la tête vers la gauche. Prenant le temps de former une réponse potable. Mmmh. J'ai pas envie de partir, j'ai pas envie d'obéir. Alors je reste et je me bats. Point. Je me relevais avec rapidité avant de la dominer par ma carrure aussi imposante que ma taille. D'un ton léger, paré d'un sourire méchant, je lui répondis, afin de lui expliquer clairement que je ne bougerai pas d'un poil.

« Non, j'ai pas envie. Je suis là pour m'amuser un peu. Alors, si tu veux que je parte, il faudra te battre. »